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Le Comte de Lieura - Chronologie d'une déclinologie ordinaire
3 mai 2007

L'immoralité politique vs la morale de l'action

Sarko vient de gagner l'élection. 5 more years. On pensait que Ségo avait tout à gagner dans le débat d'entre-deux-tours, que dans le pire des cas les lignes ne bougerait pas. La presse salue la pugnacité de la candidate PS et déclare le match nul, mais ne perdons pas de vue que si Le Monde et Libé se mettent à dire que c'est foutu, ils perdent leur fond de commerce en ces temps déjà difficles. Pourtant leur première mission serait de relater l'évidence: la candidate socialiste est compétente, contrairement à ce que la droite et une partie de la gauche ont voulu faire croire, mais moins que Sarko.

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Les deux candidats ont chacun tenu leur ligne stratégique, mais celle de Sarko était meilleure. Il a su rester calme et pédagogue, malgré quelques bourdes et quelques mensonges (ça reste de la politique). Il a réussi à decevoir tous ceux qui attendaient des citations de Mein Kampf, en vidant le TSS de son contenu, pour laisser les socialistes sans leur argument phare.

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Pourtant la "pugnacité" de la candidate avait pour seul but de le faire sortir de ses gonds. C'était sa seule chance de victoire, et il faut reconnaître qu'elle s'y est employée de toutes ses forces et de toutes ses fiches, n'hésitant pas à dépasser parfois avec bravitude les limites de la morale de l'action:

  • Dans le style, la parole de Sarko était coupée systématiquement: cette méthode bien française, certes efficace mais aussi réellement aggressive, que même les méchants américains antidémocratiques n'oseraient employer dans cet exercice du débat, détourne l'attention du spectateur, décrédibilise l'adversaire et permet de placer le maximum de sa camelote verbale, en jouant subtilement sur le temps de parole.

  • Le populisme au travers des discussions café du commerce: de mettre en avant par "une riche héritière" dont elle a entendu parler pour dénoncer le bouclier fiscal est du même niveau rhétorique que le "J'aime pas les riches" de Hollande. L'héritière en question est d'ailleurs celle de la famille fondatrice des Galeries Lafayette, qui ont fait la réputation de Paris et sont un argument de vente de la France pour toute notre précieuse industrie du tourisme.

  • La mauvaise foi:  vers 21H10, un grand éclat de rire a traversé la France quand Ségo, qui commence à peine à s'extirper de ses fiches, annonce à l'emporte-pièce la création du service de raccompagnement des fonctionnaires de police de sexe féminin. Devant le plateau incrédule, Ségo marque un temps d'hésitation, puis choisi la fuite en avant. Depuis le début de la campagne, c'est son entourage qui rétropédale de toute façon. Elle utilisera plusieurs fois ce procédé dans la soirée.

  • Le renforcement de sa base arrière : en envoyant un clin d'oeil à l'électorat motivé de Besancenot avec les logements sociaux à Neuilly ou en faisant signe aux verts avec l'EPR, Ségo renforce un électorat qui lui est acquis. Ces électeurs sont les fantassins du TSS, leurs candidats gardiens de l'angélisme contre-productif que Sarko veut liquider. Elle espère encore faire de Sarko un CPE qui s' abat dans la rue...mais vu le score de son rival au premier tour, accuser Sarko de dresser une France contre l'autre relève désormais de l'immoralité politique.

  • Les mensonges et les esquives: Vincent Peillon et Arnaud Montebourg l'ont briffée sur leurs techniques, à savoir recourir à l'argument dialogue social quand un sujet n'a pas été préparé, vanter le très bon système de formation français et faire de l'école une de ses (douze) priorités, ou encore inventer des organismes bidons de la bonne parole. Quelqu'un a déjà essayé de googliser le "collectif des associations indépendantes" qui a noté les projets des candidats? Sans parler du fameux 17%, pour lequel elle a réorienté le débat en se changeant en Laurence Boccolini politique. Le chiffre est faux, mais vu le niveau de la campagne on ne peut pas lui en vouloir. En revanche, de parler de lapsus dans cette séquence le lendemain matin du débat (sur France Inter), il ne faut avoir peur de rien. Cela fait partie des avantages de ne pas être la méchante dans l'histoire. 

    stopsarko

Malgré tout cela, Sarko a tenu, et elle a craqué. Au bout de deux heures de débat, fatiguée de ne pas énerver l'instable et infâme Sarko, à bout de nerfs (son équipe avait demandé au CSA que le débat ne dure pas plus de 90 minutes), elle a sorti l'insulte-slogan qui passera à la postérité: l'immoralité politique. Dans l'histoire des débats présidentiels, le "monopole du coeur" ou encore le "Monsieur le Premier ministre" étaient des phrases qui désarmaient car elles synthétisaient de manière lyrique toute l'incongruité de l'argumentation adverse (Mitterrand accusait implicitement VGE d'être incapable de faire du social et Chirac ne pouvait en effet pas occulter son bilan). La légende a retenu que ces phrases avaient contribué à la victoire, alors que l'immoralité politique conduira Ségo à la défaite.

La candidate aurait difficilement pu faire une phrase plus creuse, surtout pour répondre à une proposition en faveur des handicapés que Sarko n'a pourtant malgré tout pas proposé d'envoyer à Dachau, ce qui aurait bien arrangé toute la gauche. Quant au plan Handiscole de Ségo, le Figaro relève ce matin que les associations avaient critiqués ce système "pas assez contraignant" et qu'il avait été progressivement abandonné.

    sarkohaine

    2007 consacre le marketing politique obscurantiste inspiré par la gauche. Merci quand même à Ségo de nous avoir épargner hier soir le "aimez-vous les uns les autres" qui concluait son meeting de Charléty.

    temoignage_chretien

    (Agrandir l'image pour bien voir la couv')

    Mais qu'importe, les gens écoutent Sarko et regardent Royal.

    C'est elle qui fait le spectacle, mais tous ceux qui aiment la politique pour la forme plus que pour le fond, Libé et Le Monde en tête, ne sont pas les électeurs qui ont des problèmes du quotidien à résoudre.

    cartedesvotes

    Qu'auraient-ils dit si Sarko avait débattu avec 1/10ème des recettes ségolèniennes?

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