La loi du plus juste

Bayrou est en meeting à Bordeaux, diffusé en direct sur Public Sénat, et cette retransmission ne figure pas dans le top 15 des audiences Freebox. Il peut taper sur les médias, ce sont les français qui auront le dernier mot.

Pourtant le béarnais rassemble fort. Sur fond rouge avec un slogan à refiler à Arlette : "La Fance de toutes nos forces -ouvrières?-", il s'adresse à tous les publics : "il y a des gens dans la salle qui viennent de l'UMP, du PS, de l'UDF". Même ses principaux arguments de campagne vont chercher l'électeur dans sa conscience politique la plus enfouie.

Dernier gaulliste de la campagne, il a adopté la logique de gouvernement d'union national. Les bobos trop frileux pour un vote Sarkozy, ou trop préoccupés par l'après-élection pour opter Ségolène Royal seront conquis. Il drague les internautes aussi : L'inscription "bayrou.fr" est dans le même champ que son pupitre. Il était le premier à avoir son site Internet, dès 95.

Toujours en avance. Sa clairvoyance l'avait déjà poussé à conseiller à Chirac de former un gouvernement d'union nationale au lendemain du 21 Avril, alors qu'il fut le premier à être reçu par le chef de l'Etat et que les chiraquiens achevaient le centrisme.

Il y a d'ailleurs comme un goût de revanche dans la campagne de Bayrou. Une énergie qui lui donne la force, quasi-ouvrière- d'aller jusqu'à taper sur les médias et tenter de toucher l'éloctorat "populaire", même si placer le mot "baroque" et "quartier" dans la même phrase lui montre le chemin qu'il lui reste à parcourir s'il ne veut pas finir comme Chevènement. 

Mais l'Europe et la dette ne sont pas des sujets très glamours. En tous cas moins que les poses de Ségolène et l'épisode des Experts à Neuilly. Et les propositions se font pour le moment plus rares que les envolées lyriques...Reste qu'à défaut de remporter l'élection, Bayrou aura déjà gagné le prix du plus beau cadeau de Mitterrand aux candidats de 2007 : "Suivez François Bayrou. Il sera président de la République" (François Mitterrand, quelques semaines avant sa mort. Rapporté par Le Point n°1790)